Histoire

 
 

Après la guerre, il devient député de 1945 à 1951. En 1949 il fonde le Mouvement Emmaüs dont il tire le nom d’un village en Palestine où Jésus apparaît à ses compagnons et leur redonne espoir. Partie d’une auberge de jeunesse, la première communauté naît ainsi à Neuilly-Plaisance. Elle est laïque comme tout le mouvement Emmaüs aujourd’hui.
L’hiver 1954 est un tournant. Un hiver particulièrement rigoureux tue des sans-abri et fragilise les plus démunis. Une image que l’on n’aimerait plus revoir et pourtant…c’est encore vrai aujourd’hui.
Devant cette ignominie l’abbé Pierre réagit et appelle ses concitoyens:
 
Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait expulsée… Chaque nuit, ils sont plus de deux mille recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent !. Écoutez-moi : en trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l’un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Sainte Geneviève ; l’autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l’on lise sous ce titre « centre fraternel de dépannage », ces simples mots : « Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t’aime »
La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l’hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure.
 

Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France. Merci ! Chacun de nous peut venir en aide aux « sans abri ». Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain : cinq mille couvertures, trois cents grandes tentes américaines, deux cents poêles catalytiques. Déposez-les vite à l’hôtel Rochester, 92, rue de la Boétie. Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève. Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris.
 
La réponse est immédiate. Les dons affluent de partout. De ce combat naît la loi interdisant l’expulsion des locataires en période hivernale.
Des communautés et autres groupes se forment dans de nombreux coins de France et l’abbé Pierre crée l’association Emmaüs pour les regrouper.
Il s’agit dans un premier temps de pallier l’urgence de situations très difficiles comme celles des sans-abri. Un toit, de quoi manger puis un travail.
L’histoire d’Emmaüs commence là…et elle se poursuit encore.