L’ABBÉ PIERRE
Impossible de faire le site d’une communauté Emmaüs sans faire référence à ce grand homme que fut l’abbé Pierre. Aussi vous trouverez ici quelques éléments de sa vie. Bien entendu ce ne sont que quelques éléments choisis parmi tant d’autres mais ils vous donneront peut être envie d’aller plus loin…
Une vie marquée par le don de soi.
L’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Gouès, est né le 5 Août 1912 à Lyon et il nous a quitté le 22 Janvier 2007.
Issu d’une famille de négociants il voulu entrer très tôt dans les ordres à 16 ans mais il ne entre qu’en 1931 chez les capucins. Ordonné diacre puis prêtre en 1938 il est nommé vicaire en 1939. Il renonce alors à son patrimoine familial.
La guerre éclate et frère Philippe entre rapidement en résistance. Il recueille les enfants juifs dont les familles ont été arrêtées, fait passer le frère du général DeGaulle en Suisse, aide les réfractaires au STO tout en participant à la création du maquis dans les massifs du Vercors et de la Chartreuse. C’est à cette époque qu’il prend son nom de clandestin d’abbé Pierre.
Après une arrestation, relâché, il rejoint le général De Gaulle en Algérie où il devient aumônier de la Marine.
Après la guerre, il devient député de 1945 à 1951. En 1949 il fonde le Mouvement Emmaüs dont il tire le nom d’un village en Palestine où Jésus apparaît à ses compagnons et leur redonne espoir. Partie d’une auberge de jeunesse, la première communauté naît ainsi à Neuilly-Plaisance. Elle est laïque comme tout le mouvement Emmaüs aujourd’hui.
L’hiver 1954 est un tournant. Un hiver particulièrement rigoureux tue des sans-abri et fragilise les plus démunis. Une image que l’on n’aimerait plus revoir et pourtant…c’est encore vrai aujourd’hui.
Devant cette ignominie l’abbé Pierre réagit et appelle ses concitoyens:
Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait expulsée… Chaque nuit, ils sont plus de deux mille recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent !. Écoutez-moi : en trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l’un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Sainte Geneviève ; l’autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l’on lise sous ce titre « centre fraternel de dépannage », ces simples mots : « Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t’aime »
La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l’hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure.
Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France. Merci ! Chacun de nous peut venir en aide aux « sans abri ». Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain : cinq mille couvertures, trois cents grandes tentes américaines, deux cents poêles catalytiques. Déposez-les vite à l’hôtel Rochester, 92, rue de la Boétie. Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève. Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris.
La réponse est immédiate. Les dons affluent de partout. De ce combat naît la loi interdisant l’expulsion des locataires en période hivernale.
Des communautés et autres groupes se forment dans de nombreux coins de France et l’abbé Pierre crée l’association Emmaüs pour les regrouper.
Il s’agit dans un premier temps de pallier l’urgence de situations très difficiles comme celles des sans-abri. Un toit, de quoi manger puis un travail.
L’histoire d’Emmaüs commence là…et elle se poursuit encore.